Partage dettes mariage : qui doit payer après le divorce ?

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Le 25 septembre 2025
Partage dettes mariage : qui doit payer après le divorce ?
Découvrez vos responsabilités financières après divorce. Identifiez les dettes à votre charge et protégez-vous de celles de l'ex-conjoint

Saviez-vous qu'en Belgique, certaines dettes contractées pendant le mariage peuvent vous poursuivre longtemps après votre divorce ? Cette réalité juridique surprend de nombreux ex-conjoints qui découvrent tardivement leur responsabilité financière persistante. Maître Innocent TWAGIRAMUNGU, avocat expérimenté à Bruxelles depuis 2005, vous aide à comprendre vos obligations et à protéger vos intérêts dans cette période délicate. Découvrez comment le partage des dettes du mariage s'organise selon votre régime matrimonial et quelles démarches entreprendre pour vous désolidariser efficacement.

  • Sans accord bancaire pour la désolidarisation, vous restez solidairement responsable des crédits en cours avec votre ex-partenaire, même après le prononcé du divorce
  • Les dettes deviennent excessives et vous protègent lorsqu'elles dépassent manifestement les ressources du ménage (elles n'engagent alors que le patrimoine de celui qui les a contractées)
  • Un serment de véracité obligatoire doit être prêté lors de la liquidation, avec des sanctions civiles (privation de part) et pénales en cas de dissimulation de biens
  • Effectuez immédiatement un relevé complet des mouvements bancaires et demandez un blocage temporaire des comptes si vous soupçonnez des retraits abusifs par votre ex-conjoint

La complexité du partage des dettes après divorce en Belgique

Le divorce prononcé ne met pas automatiquement fin à votre solidarité financière envers les créanciers. Cette persistance des obligations communes constitue l'un des pièges les plus redoutés après une séparation. Les institutions bancaires et le fisc belge conservent leurs droits de poursuite sur les deux ex-époux pour certaines dettes, indépendamment de ce que prévoit votre jugement de divorce.

La désolidarisation auprès des créanciers représente un véritable parcours du combattant. Chaque organisme applique ses propres règles et exige des démarches spécifiques. Les banques évaluent minutieusement la solvabilité de l'emprunteur restant avant d'accepter une modification du contrat de crédit. Sans accord bancaire pour la désolidarisation, les deux ex-partenaires restent solidairement responsables du crédit en cours, même après le divorce prononcé.

Le droit belge distingue plusieurs catégories de dettes selon votre régime matrimonial. Cette classification détermine qui doit payer quoi après la séparation. Sans une compréhension claire de ces règles, vous risquez des poursuites inattendues plusieurs années après votre divorce.

À noter : Le coût total d'un divorce varie considérablement selon sa complexité : comptez entre 700 et 2000 euros pour un divorce amiable, mais entre 2500 et 6000 euros pour un divorce conflictuel. En moyenne, prévoyez un budget de 2500 à 5000 euros selon les spécificités de votre situation patrimoniale et l'existence de désaccords entre époux.

Distinction fondamentale : dettes communes et dettes propres à chaque époux

Les dettes communes qui engagent les deux ex-époux

Les dettes contractées pour les besoins du ménage et l'éducation des enfants engagent systématiquement les deux époux, quel que soit le régime matrimonial choisi. Cette règle s'applique même si un seul conjoint a signé le contrat. Par exemple, le crédit pour l'achat du mobilier familial ou les frais de scolarité restent à la charge des deux parents après le divorce. Toutefois, cette protection connaît une limite importante : lorsque ces dettes dépassent manifestement les ressources du ménage, elles deviennent excessives et n'engagent plus que le patrimoine propre de celui qui les a contractées et éventuellement le patrimoine commun, mais pas le patrimoine propre de l'autre époux.

Les dettes fiscales maintiennent une solidarité particulièrement tenace. Le fisc belge peut poursuivre le paiement sur le patrimoine commun et sur les patrimoines propres de chacun. Seule exception notable : la Région de Bruxelles-Capitale a levé cette solidarité pour les impôts régionaux comme le précompte immobilier et la taxe de circulation.

Les crédits contractés ensemble pendant le mariage créent une responsabilité conjointe qui perdure jusqu'à une désolidarisation officielle. Un crédit immobilier signé par les deux époux continue d'engager leur responsabilité solidaire, même des années après le divorce. En régime de communauté, même les intérêts des dettes personnelles d'un époux deviennent automatiquement des dettes communes. Les dettes qui grèvent les donations ou successions faites aux deux époux deviennent également communes si les biens entrent dans le patrimoine commun.

Exemple concret : Sophie et Marc, mariés sous le régime légal, héritent ensemble d'un appartement grevé d'une hypothèque de 50.000 euros. Cet immeuble entre dans leur patrimoine commun, et la dette hypothécaire devient automatiquement une dette commune. Lors de leur divorce trois ans plus tard, cette dette devra être partagée entre eux, même si l'héritage provenait de la famille de Sophie uniquement.

Les dettes qui restent personnelles

Certaines dettes échappent au partage et demeurent la responsabilité exclusive d'un seul ex-conjoint. Les dettes contractées avant le mariage restent toujours personnelles à celui qui les a souscrites. Un prêt étudiant ou un crédit auto antérieur à l'union n'engage jamais l'autre époux.

Les dettes professionnelles bénéficient d'une protection spécifique. Elles ne peuvent être poursuivies que sur le patrimoine propre de l'époux débiteur et éventuellement sur le patrimoine commun, mais jamais sur les biens personnels du conjoint. Cette règle protège l'entrepreneur marié dont l'activité connaîtrait des difficultés.

  • Les dettes alimentaires au profit des enfants d'une précédente union restent personnelles
  • Les amendes pénales et les dommages-intérêts pour faute personnelle
  • Les dettes frauduleuses, lorsque le créancier était de mauvaise foi (nécessitant la preuve cumulative de la fraude de l'époux débiteur et de la mauvaise foi du créancier, les biens communs échappant alors à l'action du créancier)
  • Les dettes excessives par rapport aux ressources du ménage

Conseil pratique : Pour vous protéger contre les dettes frauduleuses de votre ex-conjoint, documentez systématiquement tout comportement suspect. La fraude doit être prouvée de manière cumulative : d'une part la mauvaise foi de votre ex-époux (par exemple, la souscription d'un crédit caché pour financer des dépenses personnelles), et d'autre part la connaissance de cette fraude par le créancier. Si ces deux conditions sont réunies, vos biens communs échapperont aux poursuites du créancier frauduleux.

Règles de partage selon le régime matrimonial et protections spécifiques

Régime de communauté réduite aux acquêts (régime légal)

Le régime légal belge offre aux créanciers des possibilités étendues de recouvrement. Ils peuvent poursuivre le paiement sur trois masses de biens : le patrimoine commun et les deux patrimoines propres des époux. Cette triple garantie complique considérablement le partage des dettes après divorce.

La gestion du patrimoine commun obéit à des règles particulières. Chaque époux peut exercer seul les pouvoirs de gestion, mais doit respecter les actes accomplis par son conjoint. Toutes les dettes dont le caractère propre ne peut être prouvé sont présumées communes, créant une charge de la preuve difficile à renverser.

Une protection importante existe en cas de procédure collective. L'ouverture d'une faillite ou d'un règlement collectif de dettes contre un époux entraîne automatiquement la suspension des poursuites sur l'ensemble des biens communs. Cette mesure protège le conjoint non débiteur contre les conséquences financières des difficultés professionnelles de son partenaire.

Régime de séparation de biens et cohabitation légale

Le régime de séparation de biens limite théoriquement la responsabilité aux biens propres de chaque époux. Chacun reste responsable de ses propres dettes sans engager le patrimoine de l'autre. Cependant, cette protection connaît une exception majeure : les dettes ménagères engagent toujours les deux patrimoines.

Le piège du cautionnement annule souvent l'avantage de la séparation. Les banques exigent fréquemment qu'un conjoint se porte caution pour l'autre lors d'un emprunt important. Cette garantie engage les biens propres du conjoint caution, supprimant de fait la protection offerte par le régime de séparation.

Les cohabitants légaux suivent des règles similaires aux couples mariés sous séparation de biens. Ils restent solidairement responsables des dettes contractées pour les besoins du ménage et l'éducation des enfants communs. En Flandre, attention particulière : la répartition des biens doit avoir lieu dans les trois ans suivant la fin de la cohabitation légale pour bénéficier du taux réduit de 1% sur les droits d'enregistrement.

Démarches pratiques et coûts pour se désolidariser efficacement

La désolidarisation nécessite une demande écrite auprès de chaque créancier. Cette démarche administrative doit être entreprise rapidement après le divorce pour limiter votre responsabilité future. Conservez précieusement toutes les preuves de vos démarches.

La négociation avec les banques pour les crédits immobiliers représente souvent le défi le plus complexe. L'institution financière évalue systématiquement la capacité de remboursement de l'emprunteur restant. En cas de revenus insuffisants, elle peut refuser la désolidarisation ou exiger des garanties supplémentaires.

La procédure de liquidation judiciaire intervient en cas de désaccord entre ex-époux. Le tribunal de la famille désigne alors un notaire liquidateur chargé d'établir l'inventaire et de proposer une répartition équitable. Ce notaire dispose de pouvoirs étendus : il peut notamment saisir le tribunal par procès-verbal intermédiaire pour ordonner la production de renseignements sollicités, le cas échéant sous astreinte, afin de contraindre un ex-époux récalcitrant à collaborer. Cette procédure génère des coûts importants :

  • Frais de notaire : environ 1% de la valeur du patrimoine
  • Droits de partage : 1,1% sur la valeur des biens
  • Expertise immobilière : environ 300 euros
  • Frais de dossier bancaire : quelques centaines d'euros

L'inventaire doit être établi dans les trois mois suivant la mention du divorce à l'acte de mariage. Ce délai court impose une réactivité immédiate pour rassembler tous les documents nécessaires. Le notaire convoque les parties dans les deux mois suivant sa désignation pour ouvrir officiellement les opérations. Lors de cette procédure, un serment de véracité et de non-dissimulation doit être prêté par les parties, avec avertissement des sanctions pénales et civiles attachées au faux serment. L'époux coupable de recel (dissimulation de biens de mauvaise foi) est privé de sa part dans les biens recelés ou sanctionné à concurrence des biens recelés.

Mesure préventive essentielle : Dès la séparation, effectuez un relevé complet et détaillé de tous les mouvements bancaires des trois dernières années sur l'ensemble des comptes (personnels et joints). En cas de soupçon de retrait abusif par votre ex-conjoint (retraits importants inexpliqués, virements vers des comptes tiers, achats suspects), demandez immédiatement au juge des référés un blocage temporaire des comptes communs. Cette mesure conservatoire protège vos intérêts en attendant la liquidation définitive du régime matrimonial.

Les spécificités fiscales varient selon votre région. En Wallonie et à Bruxelles, les droits d'enregistrement s'élèvent à 1% pour tous les couples. En Flandre, ce taux réduit ne s'applique qu'aux couples mariés et cohabitants légaux ayant cohabité au moins un an. Les cohabitants de fait flamands paient 2,5%, augmentant significativement le coût du partage.

Le partage des dettes après un divorce représente un défi juridique complexe nécessitant une expertise approfondie du droit familial belge. Maître Innocent TWAGIRAMUNGU accompagne les couples en instance de divorce ou déjà séparés dans cette étape cruciale, en veillant à protéger leurs intérêts financiers. Fort de son expérience depuis 2005 et de sa connaissance pointue des régimes matrimoniaux, il propose des solutions sur mesure adaptées à chaque situation. Si vous êtes confronté à des questions de partage de dettes dans la région de Bruxelles, n'hésitez pas à solliciter ses conseils en droit de la famille pour sécuriser votre avenir financier post-divorce.